lundi 16 novembre 2009

L'écosystème des applications mobiles: vers un mobile à tout faire

Aujourd'hui, les applications installées sur un seul et même appareil mobile forment un véritable écosystème qui tend à rassembler en son sein plusieurs matériels aussi divers qu'un appareil photo numérique (APN), une console de jeu portable, un GPS, une boussole, un dictaphone, un lecteur mp3 et vidéo, un livre ou un dictionnaire électronique, etc. mais aussi un ordinateur fixe ou même portable.

"Ecosystème" non seulement parce que ces applications sont intimement liées à l'appareil qui les fait fonctionner, mais aussi et surtout parce qu'elles communiquent et échangent des informations entre elles, et enfin parce qu'on tend vers un seul et même système sur le support duquel une multitude de tâches interdépendantes peuvent être exécutées.

Le mobile en est rendu tellement plus polyvalent et simple d'utilisation, en même temps que l'utilisation des applications devient immédiate au moment voulu, que cela rend progressivement caduc le recours à l'ordinateur et aux autres appareils électroniques.

Cet écosystème répond parfaitement à nos besoins de mobilité et nous fait évoluer plus rapidement vers un statut de nomade de l'information et de la communication, nous libérant des contraintes matérielles de l'ordinateur (fils, encombrement, poids, etc.) et de la possession d'une pléthore d'appareils différents ayant chacun une fonction différente.

Mon expérience sur l'iPhone permet en tout cas d'arriver à cette conclusion, mais je pense qu'elle serait la même quel que soit l'appareil mobile utilisé à condition qu'il soit doté d'une ergonomie, d'une puissance et de fonctionnalités suffisantes.

Par ergonomie, j'entends une forme de mobile particulièrement adaptée aux conditions d'utilisation des applications mobiles. A mon sens, la taille compte évidemment. Il faut que l'appareil soit suffisamment petit pour être porté par l'utilisateur en permanence, mais suffisamment grand pour contenir un écran lisible et affichant toutes les informations souhaitées. Ce n'est pas tout: l'écran doit être tactile et multipoint pour une utilisation "naturelle" et optimale des applications.

La puissance est aussi un facteur clé: un appareil trop lent à afficher l'information, trop peu réactif aux ordres, avec une mémoire limitée et/ou communiquant lentement sur internet ne remplacera jamais un ordinateur. La puissance fait donc de cet appareil un ordinateur à part entière, et c'est uniquement à cause de la taille réduite que je parlerai plutôt de "mobile".

Les fonctionnalités du mobile, enfin, sont déterminantes: c'est parce que le mobile est doté d'un capteur APN qu'il me dispense de me trimballer en permanence avec un appareil idiot qui ne sait faire qu'APN (sauf quand je veux faire de bonnes photos, mais là on revient sur la question de la puissance du mobile).

Le support étant fixé (ou le biotope, pour continuer dans la logique d'écosystème), les applications - qui par définition sont conçues pour fonctionner sur le mobile et tirer partie de son ergonomie, de sa puissance et de ses fonctionnalités - prennent le relais et c'est là qu'on aborde vraiment la notion d'écosystème dans toute son ampleur.

Le mobile reste encore plus ou moins, malgré sa puissance, confiné à un rôle de téléphone, c'est-à-dire un appareil communicant d'abord par la voix, mais aussi par l'écrit. De nos jours, on l'utilise plus (mais de moins en moins) pour ses facultés de communication, que pour ses facultés d'accès à l'information ; et ses facultés de création sont encore moins prégnantes. Je parie que les tendances vont s'inverser plus tard, mais le constat est là.

En tout cas aujourd'hui, c'est avec les applications de communication que l'écosystème s'impose le plus.

Je n'évoquerai les fonctions basiques que dans ce paragraphe, mais déjà l'écosystème est en place et il n'est pas nouveau: téléphonie, SMS/MMS, carnet d'adresses. Bref le mobile est en effet à la base un bête téléphone. Il faut bien un départ à l'évolution, et c'est le noyau dur de l'écosystème. Les applications de téléphonie et de messages textuels ou multimédias dépendent étroitement de l'application de gestion des contacts. D'ailleurs, très souvent, c'est de cette application-là qu'on initie un appel vocal ou un texto.

Ce noyau dur existe maintenant depuis plusieurs années, quand même... Récemment, le "téléphone", donc, s'est enrichi de nouvelles applications orientées elles-aussi vers la communication. Je pense à quatre applications en particulier: l'email, la messagerie instantanée, facebook et twitter.

L'email mobile existe aussi depuis plusieurs années, mais il ne s'est généralisé que très récemment sur les mobiles. Recevoir et envoyer ses emails à tous moments est à présent facile et rapide, et pour tous (enfin, à condition d'avoir le mobile qu'il faut, c'est-à-dire un "smartphone", qui gère aussi l'agenda).

La messagerie instantanée se distingue du texto par la conversation qu'elle permet de créer entre plusieurs utilisateurs en temps réel. Le texto est souvent un "one-shot", et quand il attend une réponse, cela ne va jamais plus loin qu'un simple dialogue entre deux personnes. Techniquement, le texto est limité (pas seulement dans le nombre de caractères autorisés). Au contraire, "l'instant message" est un vecteur de "chat" entre deux ou plusieurs personnes. Et il y a une application pour ça! Même plusieurs, le choix est presque pléthorique.

Facebook et twitter sont les deux réseaux sociaux les plus connus. Leur utilisation massive sur un mobile grâce à une application correspondante consolide de fait leur propre existence et leur raison d'être ; leur utilisation tend à devenir universelle sur un mobile parce qu'elles prennent justement toute leur dimension en situation de mobilité. C'est en voyage, en soirée, au restau, dans le métro, dans la rue, bref partout où l'on vit qu'on veut partager et échanger avec ses "amis". Partager via des photos, des statuts, des liens, etc. et échanger sous les mêmes formes dans le cadre de conversations écrites.

Ces quatre applications ne communiquent pas réellement entre elles, en tout cas pas directement, mais elles partagent toutes un point commun: elles sont chacune étroitement liées à l'application de gestion des contacts, à d'autres applications au cas par cas (par exemple l'email est relié à l'APN pour envoyer ses photos par email) et bientôt à l'application de gestion du temps. Le carnet d'adresse reste central. L'écosystème est renforcé. L'agenda tirera aussi profit de ces applications lorsque par exemple des évènements organisés sur Facebook se retrouveront dans l'agenda, et vice-versa.

Là où je trouve que l'écosystème est flagrant, c'est avec le web. Le web, c'est, je le rappelle, l'ensemble des sites auxquels ont peut accéder sur internet avec une adresse (l'URL) commençant le plus souvent par "www". C'est le coeur ouvert d'internet en tant que système d'information et de savoir. On y surfe bien sûr pour communiquer (via les sites de Facebook, de twitter, des "chats", des webmails, etc.), mais surtout pour accéder directement ou via des moteurs de recherche (google, yahoo, bing, etc.) à de l'information et à des connaissances (wikipedia, dictionnaires, actualités, etc.). Le web, on y accède en général avec un navigateur ("browser") qui est l'une des applications installées sur le mobile.

Et bien cette application web communique elle-même avec les autres applications de communication installées sur le même mobile. Je ne parle pas des fonctions de partage que l'on trouve sur certains sites web, inhérentes à ces sites, et qui permettent, sans quitter le navigateur, de partager un lien, une image ou autre fichier sur facebook ou twitter. Je parle plutôt de fonctions qui permettent de passer directement du navigateur à une autre application, quel que soit le site consulté.

L'exemple le plus significatif est avec twitter. A l'aide d'un simple favori (un "bookmarklet") préalablement installé sur le navigateur web une fois pour toutes, on peut automatiquement faire tout ça: quitter le site web consulté, ouvrir twitter et créer un nouveau message contenant déjà, pour la citer dans un tweet, l'adresse du site web qu'on vient de quitter, cette adresse étant au surplus raccourcie! Cette technique de partage automatique de lien évite bien des manipulations et étapes successives manuelles. Il ne reste plus qu'à finaliser le message en le personnalisant.

Ce n'est qu'un exemple, et le processus peut être différent sur un autre mobile, mais c'est la démonstration par l'exemple d'une simplification poussée à l'extrême: de fait, c'est devenu pour moi beaucoup plus rapide de twitter un article de presse ou de blog sur l'iPhone plutôt que sur un ordinateur. Si en plus je peux le faire où je veux et quand je veux, vous devinez ce qui arrive ? Un réflexe de conditionnement surgit empiriquement qui vous décourage de trouver un moyen aussi efficace et rapide d'agir sur l'ordinateur et qui au contraire vous pousse à utiliser votre mobile. L'homme étant paresseux, il ira au plus simple pour le même résultat.

On retrouve également l'écosystème dans les applications d'information, par exemple l'interaction entre le carnet d'adresses et une application de guidage par GPS ou une application de géolocalisation, ou encore entre cette même application de géolocalisation et une application de vélib, de parkings ou de restaurants.

Je crois que nous n'assistons qu'aux débuts de cet écosystème, qui se renforcera dans l'avenir quand les constructeurs de mobiles les rendront encore plus ergonomiques et plus puissants, et que les développeurs d'applications prendront la mesure des bénéfices du mobile - ils ont déjà commencé! - en rendant leurs applications encore plus communicantes entre elles dans le même écosystème.

Et qui dit écosystème dit diversité des applications sur un même mobile et polyvalence du mobile voire des applications. On se dirige donc droit vers Un seul et unique mobile pour tout faire.

Cela dit la route est encore longue avant que ne disparaissent totalement l'ordinateur et d'autres appareils électroniques au profit du mobile:
- dans le domaine de la bureautique et dans d'autres domaines (graphisme, ingénierie, jeu, etc.): l'ordinateur reste roi et le restera probablement encore longtemps
- certains appareils sont encore plus puissants que le mobile, l'APN par exemple
- les applications ne communiquent encore pas suffisamment entre elles sur un mobile (par exemple, faute de correction automatique, il faut quitter un email pour lancer un dictionnaire et vérifier l'orthographe d'un mot)
- il y a eu beaucoup de débats sur le multitâche, à savoir la possibilité pour un mobile de faire fonctionner plusieurs applications en même temps, l'une étant affichée et les autres fonctionnant en tâches de fond. Le véritable pas en avant par rapport à l'ordinateur sera à mon avis la possibilité d'afficher plusieurs applications. Question de taille d'écran, en partie. A ce sujet, Apple semble en train de développer une tablette un peu plus grande que l'iPhone qui pourrait émuler sur un même écran plusieurs écrans d'iPhone.
- l'autonomie du mobile est assez limitée, pas plus de plusieurs heures d'utilisation consécutive. Il faut donc un fil, mais pour combien de temps encore ?
- l'accès à internet n'est pas encore permanent et la rapidité peut être améliorée
- les interfaces peuvent encore gagner en ergonomie pour de meilleures interactions homme-mobile, l'interface ultime étant le mobile greffé dans le cerveau ;) A plus courte échéance, les interfaces seront améliorées sur les plans visuel, auditif et vocal.

Et au stade final de la réflexion, l'écosystème sera transcendé lorsqu'il pourra vivre dans toutes ses dimensions au-delà du seul mobile, c'est-à-dire sur d'autres appareils annexes et spécialisés, connectés avec le mobile, et qui, eux, ne tiennent pas dans une poche. Par exemple un serveur (en fait, c'est déjà partiellement le cas avec le cloud computing), un grand écran, une voiture, un frigidaire, une maison.

Dans ce domaine, "sky is the limit" et ça, j'adore :)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire